Legrève, AnneEvrard, MarieMarieEvrard2025-07-012025-07-012025-06-1020252025-06-10https://hdl.handle.net/2078.2/43351Le mildiou de la pomme de terre, causé par Phytophthora infestans, demeure l’une des pathologies fongiques les plus redoutées en agriculture, en raison des pertes économiques occasionnées et de sa capacité à développer des résistances aux fongicides. Face aux restrictions croissantes imposées par la réglementation européenne sur l’usage de nombreuses substances actives, les formulations mixtes, combinant des fongicides autorisés individuellement, connaissent un développement accru. Ces formulations antifongiques visent à optimiser l’efficacité des traitements tout en respectant les exigences réglementaires. Dans ce contexte, l’évaluation des effets combinés des fongicides, sur les organismes cibles et non cibles, apparaît comme une priorité. Ce mémoire s’inscrit dans une approche One Health visant à concilier efficacité phytosanitaire et préservation de la santé humaine. Un total de 18 mélanges binaires de fongicides ciblant la respiration mitochondriale ont été évalués sur trois génotypes de P. infestans (EU_36_A2, EU_37_A2 et EU_43_A1) appliqués aux concentrations EC10 et EC50 de chaque substance active. L’effet inhibiteur de chaque combinaison a été analysé selon le modèle d’indépendance de Bliss, permettant d’identifier d’éventuelles interactions synergiques. En parallèle, la cytotoxicité de ces mêmes mélanges a été évaluée par Mélina Carbone sur des hépatocytes humains (HepG2), à des concentrations comprises entre 0.25 μM et 15 μM, via un dosage du relargage de la lactate déshydrogé- nase (LDH), afin de détecter d’éventuels effets synergiques délétères. Parmi les combinaisons testées, deux mélanges se sont démarqués : azoxystrobine + cyazofamid et azoxystrobine + amétoctradine. Tous deux ont induit une inhibition synergique de la croissance mycélienne à la fois à l’EC10 et à l’EC50 sur plusieurs souches fongiques. Ces performances antifongiques se sont accompagnées d’une absence d’effet cytotoxique sur les cellules humaines. À l’inverse, d’autres mélanges, bien que synergiques d’un point de vue antifongique, ont provoqué une toxicité élevée pour les cellules HepG2, traduisant un effet cocktail indésirable. Ces résultats suggèrent qu’il n’existe pas de corrélation systématique entre la synergie antifongique et la synergie en termes de cytotoxicité dans les mélanges de fongicides. Il est donc nécessaire de considérer chaque combinaison comme une entité toxicologique propre et non comme la simple addition de deux principes actifs. Enfin, ce travail insiste sur la nécessité de valider empiriquement chaque formulation, en identifiant les concentrations capables d’éliminer l’ensemble de la population pathogène, sans favoriser la survie de génotypes partiellement résistants. Des expérimentations complémen- taires, in vitro et in planta en conditions de plein champ sur P. infestans et d’autres cellules fongiques, ainsi qu’un élargissement des tests toxicologiques à d’autres lignées cellulaires, no- tamment pulmonaires en lien avec les voies d’exposition par inhalation, sont également recommandées. Ce mémoire ouvre ainsi des perspectives concrètes pour le développement de formulations de fongicides plus ciblées, efficaces et compatibles avec les enjeux agronomiques, sanitaires et environnementaux actuels.Évaluation croisée de la sensibilité de Phytophthora infestans à des mélanges de fongicides inhibiteurs de la respiration mitochondriale et de leur toxicité humainetext::thesis::master thesis