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Comment une coopérative sociale de presse indépendante, attentive à son autonomie et à la pérennité de son projet sociopolitique, concilie-t-elle finalité sociale et impératifs économiques via le prisme du Business Model GRP ? Etude de cas : Médor, magazine d'investigation belge francophone.

(2025)

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Depuis plusieurs décennies, l’écosystème des médias traditionnels subit au niveau mondial de profonds bouleversements, tels que l’internet et la mondialisation, refaçonnant la fabrication de l’information et fragilisant le statut des journalistes dans une visée davantage marchande et de recherche de profit, en résonance avec la logique de marché. Cette économie de marché est prépondérante parmi la plupart des organes médiatiques historiques, de plus en plus sous l’emprise de grands groupes financiers essentiellement motivés par la rentabilité de leurs produits médiatiques. Concurrence intensifiée, course à l’audience, financiarisation exacerbée, production massive d’informations de moindre qualité à moindre coût, rythment la vie des rédactions. Insatisfaits de cette évolution dévalorisant le bien informationnel et reléguant le facteur humain au second plan, certains journalistes de presse écrite, soucieux de préserver leur éthique professionnelle et de redonner une valeur à l’information, ont décidé d’entreprendre autrement. Ils se sont tournés vers l’économie sociale et solidaire, repositionnant l’humain au centre des projets, pour pratiquer du journalisme non lucratif d’intérêt public, visant à produire une information de qualité accessible à tous. Tel est le cas du projet éditorial Médor, magazine d’investigation trimestriel indépendant belge francophone. Ces fondateurs, inspirés par des valeurs éthiques, réinventent, tels des entrepreneurs sociaux, le modèle économique médiatique par leur choix d’une structure coopérative, alliant logique marchande et non marchande et qu’ils estiment la plus adéquate avec la finalité sociale primordiale de leur titre de presse. Pour perdurer leur projet d’utilité sociale doit être viable et il s’agit de conjuguer simultanément buts sociaux et buts commerciaux sans dénaturer l’essence même du projet, ce qui peut être problématique. Nous nous sommes penchée sur cette difficulté et notre travail de recherche, élaboré selon une méthode qualitative hypothético-inductive, questionne la manière dont une coopérative agréée entreprise sociale de presse indépendante belge francophone concilie finalité sociale et impératifs économiques afin de préserver son indépendance et de pérenniser son projet d’intérêt général. Il se compose de deux parties : une partie théorique et une partie empirique. La première partie, théorique, porte sur un état des lieux de l’écosystème des médias, sur l’économie sociale et solidaire, sur les entreprises sociales ainsi que sur le Business Model GRP adapté aux organisations d’économie sociale et solidaire (OESS), notre cadre théorique de référence. La seconde partie, empirique, concerne l’analyse des données collectées sur le terrain lors de notre enquête exploratoire ainsi que la formulation d’hypothèses répondant à notre questionnement. Nos conclusions montrent que l’application du BM GRP adapté aux OESS aide les entreprises sociales à analyser de façon structurante leur stratégie. Elles font également ressortir la complexité mais aussi l’inventivité et le pragmatisme des entreprises sociales à trouver le juste milieu entre leur finalité sociale et leurs exigences économiques. Enfin, elles contiennent des recommandations susceptibles d’améliorer et d’ approfondir les différents leviers que ce type d’organisation pourrait actionner afin de créer de la valeur économique et sociale. Ce travail de recherche concourt à une meilleure compréhension du fonctionnement hybride des entreprises sociales de type coopératif, actives dans la presse indépendante belge francophone.