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Quand la violence féminine rompt avec les stéréotypes de genre : analyse de l’implication des femmes dans le génocide des Tutsi au Rwanda

(2023)

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La violence féminine est un sujet peu abordé au sein des sociétés (Badinter, 2003 ; Regina, 2011 ; Marmion, 2011 ; Gentry & Sjoberg, 2007). Une femme usant de violence se place en dehors de toutes conventions sociales, au regard de perceptions genrées vis-à-vis d’individus acteurs de cruauté (Régina, 2011 ; Gentry et Sjoberg, 2007). Le titre de ce travail de recherche permet d’illustrer cette fracture entre symbole féminin et violence, en se reposant sur un cas d’étude, le génocide des Tutsi au Rwanda. Analyser la participation de femmes à un génocide, permet de briser les perceptions essentialistes ancrées, une dynamique essentielle à échelle globale pour rompre l’image symbolique du féminin, plaçant les femmes comme des êtres d’autant plus vulnérables lors des contextes de conflits armés (Sperling, 2006). À travers notre étude, nous souhaitons répondre au questionnement suivant : Dans quelle mesure les stéréotypes de genre impactent les perceptions relatives aux femmes génocidaires ? Au-delà d’une analyse des travaux relatant l’implication de femmes dans le génocide des Tutsi au Rwanda, un intérêt spécifique est accordé au cas de cinq femmes de profils diversifiés, soupçonnées ou accusées d’implication qui paraissent devant la juridiction. La visée de cette étude est l’analyse de biais de genre utilisés par les accusées lors des procès et la manière dont ces femmes bourreaux sont dépeintes au travers du prisme médiatique. Nous nous reposons sur une méthodologie qualitative, en utilisant d’une part les retranscriptions directes des jugements, les comptes-rendus officiels émis par la juridiction, d’autre part, sur des articles de presse traitant des procès. Notre travail permet de souligner l’existence de biais de genre à la base de la défense directe de certaines des accusées, du récit de monstre (Gentry & Sjoberg, 2007) largement présent dans le portrait de celles-ci dépeint par les médias. Pour autant, il permet de nuancer l’idée que des femmes bourreaux usent nécessairement d’une défense genrée, souligne l’importance de ne pas se concentrer uniquement sur le facteur de genre, ce que met en évidence l’approche intersectionnelle (FE23, 2022). Ainsi, cela tend à se questionner plus largement sur les limites de la perspective féministe pour l’analyse et la compréhension d’un phénomène.