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L’amnistie : un cadeau empoisonné pour la justice transitionnelle ? Le cas du Liban

(2022)

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Le Liban connaît une guerre civile sur une période de 15 ans, durant laquelle les populations de plusieurs communautés et confessions se sont entretuées. Cependant, cette guerre n’arrive à son « bout » qu’avec la signature de l’Accord de Taëf en 1989. Malgré les violations et les crimes commis durant cette guerre, les leaders de la classe politique imposent une loi d’amnistie générale et se pardonnent à eux-mêmes, tout en laissant les différentes communautés blessées et divisées. On parle d'une « accommodation des élites » au lieu d'une réconciliation nationale. Cette classe politique entame des opérations de reconstruction du pays et pousse vers une amnésie collective afin d’éviter tout débat portant sur la guerre. De ce fait, l’histoire du Liban après l’indépendance en 1943 se perd parmi des récits attisés et motivés par la peine, la peur, et la vengeance. La population reste sans réponses à ses questions et n’arrive pas à panser ses blessures. Toutefois, quelques mesures ont été adoptées afin d’entamer une justice transitionnelle, mais celles-ci n’étaient que des actions limitées, pour maintes raisons, entre autres la corruption et le clientélisme, puisque les politiciens qui ont participé à la guerre se nomment responsables de la mission portant sur la reconstruction du pays. Jusqu’à date, les vestiges de la guerre resurgissent à n’importe quelle circonstance, telles que la révolution de 17 octobre 2019 et l’explosion du Port de Beyrouth le 4 août 2020. On reparle actuellement d’une illusion de paix, une paix négative, et d’une justice volée depuis la guerre jusqu’à ce jour-ci. Les manifestations du 14 octobre 2021 des deux partis politiques chiites de Hezbollah et Amal contre le juge d’instruction Tarek Bitar chargé de l’enquête sur l’explosion du Port prennent un tournant violent et dégénèrent en une scène de guerre qui rappelle celle de 1975 et instille une grande peur d’un retour à la guerre civile chez les Libanais. Le Liban souffre actuellement d’une crise économique en sus de cette instabilité sociale, politique et sécuritaire, ce qui aggrave le fossé entre les différentes communautés. De ce fait, nous nous posons les questions suivantes : Sachant qu’une justice transitionnelle peut aider un pays récemment sorti d’une guerre dans sa transition vers un État de droit, quelles mesures de la justice transitionnelle ont été adoptées après la guerre civile au Liban ? Quels ont été les obstacles de l’adoption de certaines autres mesures ? Sur ce, pouvons-nous vraiment parler d’une justice transitionnelle au Liban ? En absence de réconciliation, quelles en sont les conséquences sur le pays ? À ce stade-ci, nous nous intéressons au caractère de la transmission intergénérationnelle des récits et des émotions dans le pays. En effet, nous pensons qu’une exploration des mémoires communautaires pourrait nous être utile dans le cadre de notre recherche. Nous nous interrogeons également sur les piliers de la justice transitionnelle qui peuvent être appliqués encore dans le contexte libanais. Quelles pourraient être les mesures et les recommandations favorables, pour ne pas parler de solutions, à une construction d’une paix réelle et durable au Liban ?