La non-reproduction sociale dans « la Haute ». La « complexion » à l’épreuve de 6 cas d’artistes issus de l’aristocratie et de la haute-bourgeoisie.

Details

Supervisors

Fusulier, Bernard

Faculty

Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication

Degree label

Master [120] en politique économique et sociale, à finalité spécialisée (horaire décalé): analyse et évaluation des politiques

Abstract

Ce mémoire a pour but d’interroger la non-reproduction sociale au travers des parcours singuliers d’individus issus de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, tous artistes professionnels. Afin de comprendre leurs trajectoires singulières, nous nous sommes emparés du concept de « complexion » mobilisé par Chantal Jacquet dans le cadre de ses recherches sur « les transclasses ou la non-reproduction » (2014). Les entretiens menés auprès de six artistes d’origine aristocrate ou bourgeoise ont permis de révéler un certain nombre de dynamiques communes dans lesquelles s’ancre leur « complexion », c’est-à-dire l’ensemble des facteurs contextuels et affectifs qui ont participé à construire leurs destins singuliers. Il a également été possible d’esquisser les premiers traits d’un idéal-type, l’Artistocrate, individu né dans un milieu privilégié de l’espace social et destiné à conserver intacte la structure originelle de ses capitaux mais qui effectue pourtant un passage vers les mondes plus incertains de l’art. Il semble que le mouvement effectué s’apparente bien à un passage entre deux mondes distincts. On observe tout d’abord que la structure avantageuse des capitaux économiques et socio-culturels de départ n’est pas une condition suffisante pour intégrer les mondes de l’art, en particulier du fait de la sphère familiale qui demande des garanties, voire empêche l’Artistocrate de poursuivre son désir. Lorsqu’il entreprend tout de même son départ vers les mondes de l’art, l’Artistocrate expérimente une double distance, celle d’avec son milieu d’origine dont il s’éloigne, et avec celui d’arrivée dont il ne maîtrise pas encore les codes mais qu’il doit ou souhaite acquérir. Cet « entre-deux », pétris d’affects parfois contraires envers les deux mondes, enclenche alors un nouveau processus de socialisation qui peut résulter en une modification de la structure initiale de ses capitaux, en particulier social et culturel. Il semble que l’Artistocrate ne voyage pas entre deux classes mais entre deux cultures.