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Le ressentiment comme fenêtre sur la valeur. La place des instincts négatifs dans la morale nietzschéenne
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- Le ressentiment est un concept clé de La Généalogie de la morale. Il permet de comprendre la révolte et la psychologie des esclaves, ainsi que le développement de l’idéal ascétique. Nietzsche le condamne fermement, pourtant il n’est pas si simple de déterminer le critère qui s’y oppose. Leiter considère que la morale nietzschéenne repose sur une valorisation du noble au détriment de l’esclave. Toutefois, Nietzsche considère que le ressentiment nuit au faible aussi. Elgat a proposé la justice, politique et intellectuelle, comme critère. Cependant, même si elle condamne le ressentiment, Nietzsche n’en fait pas le centre de sa morale, et il admet même qu’il faut parfois s’y opposer. Il est de coutume de baser la critique du ressentiment sur l’opposition entre actif et réactif, mais cela renvoi à l’opposition entre maître et esclave qui ne sont, aucun des deux, des étalons moraux. De plus, cette opposition occulte l’importance des instincts négatifs dans la philosophie nietzschéenne. Ainsi, des concepts affirmatifs comme l’amor fati et l’éternel retour permettent de condamner le ressentiment. Cependant, une bonne compréhension de leur rapport doit y introduire une part négatrice, c’est-à-dire sélective. Ce n’est pas par pure approbation au monde qu’ils condamnent le ressentiment. L’amor fati permet de ne pas s’épuiser dans des combats inutiles. Quant à l’éternel retour, il joue le rôle d’idéal concurrent à l’idéal ascétique et permet de justifier l’existence malgré la douleur. La meilleure solution au problème de la valeur du ressentiment se trouve dans le mépris. En tant qu’instinct négateur, il ressemble au ressentiment, mais en diffère sur des points clés. Le plus important concerne son rapport à la volonté de puissance. Alors que le ressentiment la condamne de manière hypocrite, le mépris peut s’y conformer et même aider à la développer. Il permet d’insister sur la dimension évaluatrice de la volonté de puissance, plutôt que sur la seule imposition de forces. Le ressentiment s’oppose à la volonté de puissance sur trois points essentiels, à savoir l’évaluation, la réalisation et le type de plaisir pris. Il s’oppose ainsi à trois concepts clés que sont le mépris, la pulsion et la joie. Les trois correspondent à des parties d’une volonté de puissance authentique et sont donc solidaires. Ressentiment is a key concept in The Genealogy of Morals. It enables us to understand the slaves revolt and psychology, as well as the development of the ascetic ideal. Nietzsche firmly condemns it. However, it is not so simple to determine the criterion that opposes it. Leiter considers that Nietzschean morality is based on the valorization of the noble to the detriment of the slave. Yet Nietzsche considers that ressentiment harms the weak too. Elgat proposes justice, both political and intellectual, as a criterion. However, even if it condemns ressentiment, Nietzsche does not make it the center of his morality, and even admits that it must sometimes be opposed. It's customary to base criticism of ressentiment on the opposition between active and reactive, but this refers back to the opposition between masters and slaves, neither of whom are moral standards. Moreover, this opposition obscures the importance of negative instincts in Nietzschean philosophy. Affirmative concepts such as amor fati and eternal recurrence condemn ressentiment. Nevertheless, a proper understanding of their relationship must introduce a negative, i.e. selective element. They do not condemn ressentiment on the basis of a pure approval of the world. Amor fati prevents men from exhausting themselves in pointless battles. As for the eternal recurrence, it plays the role of an ideal that competes with the ascetic ideal, justifying existence despite pain. The best solution about ressentiment value is contempt. As a negating instinct, it resembles ressentiment, but differs in key respects. The most important is its relationship to the will to power. Whereas ressentiment hypocritically condemns it, contempt can conform to it and even help to develop it. It emphasizes the evaluative dimension of the will to power, rather than the mere imposition of force. Ressentiment is opposed to the will to power on three essential points: evaluation, realization and the type of pleasure taken. It is thus opposed to three key concepts: contempt, drive and joy. All three correspond to parts of a genuine will to power, and are therefore interdependent.