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Impact de l’interdépendance entre profils d’agent et d’usager sur le processus décisionnel des ‘bureaucrates au guichet’: le cas de la police aéronautique
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Dujardin93881700Mariage938617002019.pdf
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- L’aéroport, espace dans lequel transitent quotidiennement des passagers de diverses nationalités, engendre la nécessité d’une fonction de contrôle de l’immigration. Ce contrôle est assuré par les agents frontaliers qui ont pour tâche de vérifier la conformité des passagers. Ainsi, chaque agent frontalier se trouve en interaction directe avec les passagers et, lors du contrôle, les passagers sont soumis à des pratiques de profilage et de catégorisation de la part des agents. Pour analyser cette interaction nous avons eu recours à la théorie de la « Street-Level Bureaucracy » mise au point par Michael Lipsky (2010) et qui, depuis lors, a été étudiée par de nombreux auteurs tels que Hupe & Hill (2007). Cette théorie étudie l’interaction entre les agents de première ligne et les citoyens-clients qui a lieu au sein des administrations publiques. Cependant, sa contribution dans le domaine de l’immigration est assez faible. Par ailleurs, les effets du profil des agents de première ligne et les effets du profil de leurs citoyens-clients sur la nature des décisions prises par les premiers à l’égard des seconds a déjà fait l’objet de recherches. Par contre, les effets de l’interaction entre ces profils n’ont jamais été modélisés. Notre question de recherche est la suivante : Quel rôle joue le profil d’un agent de première ligne en interaction avec le profil d’un usager non-ressortissant de l’espace Schengen sur les décisions que prennent les premiers à l’égard des seconds en Belgique ? Afin de répondre à cette question, nous avons étudié le cas de la police aéronautique de Charleroi. Les agents frontaliers ont comme tâche principale le contrôle de l’immigration. Cette étude a été menée sur base d’une analyse thématique de huit entretiens semi-directifs auprès d’agents frontaliers. Les résultats montrent l’existence d'un lien entre le profil d’un agent et celui d’un usager non-ressortissant de l’espace Schengen qui peut exercer une influence sur le processus décisionnel de l’agent. Notre étude s’est focalisée sur le degré de tolérance dans la décision émise par un agent. Nous avons distingué deux profils d’agents – « l’humaniste » et « le procédurier » et deux profils de citoyens-clients – « le bon élève » ; c’est-à-dire celui qui se conforme effectivement aux règles, et « le bon auteur », c’est-à-dire celui qui raconte une histoire crédible pour justifier certains écarts. Nos résultats suggèrent que seul l’agent « humaniste » a tendance à être plus tolérant face à un passager « bon élève ». Vis-à-vis d’un passager « bon auteur », un agent « humaniste » se montrera plus tolérant tandis qu’un agent « procédurier » se montrera moins tolérant. Enfin, tous les profils d’agents ont tendance à être moins tolérants face à un passager désagréable. En conclusion, nous présentons quelques implications théoriques et pratiques de ces résultats.