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Femmes soignantes : entre self-help et justice reproductive – la reconquête des savoirs et des pratiques autour du corps et de la santé

(2022)

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Ce travail se donne pour objectif de décomposer l'argumentaire naturaliste porté sur la condition des femmes par la société patriarcale, puis de déterminer comment ces dernières peuvent combattre son influence à travers la conception de nouvelles formes de savoirs autour du corps et de la santé. Au fil des siècles, les femmes se sont vues dépossédées des savoirs et des savoir-faire concernant le corps et la santé. Celles qui disposaient de compétences dans le domaine de la santé ont été accusées de sorcellerie, torturées et tuées : ces chasses aux sorcières orchestrées par l’Église et l’État prennent leur source au 14e siècle et s’étendent jusqu’au 17e. On assiste ensuite à l’exclusion des femmes des domaines de la médecine et à leur pathologisation. Celles qui étaient autrefois condamnées pour leurs méthodes empiriques et pragmatiques deviennent au fil des siècles soi-disant trop sentimentales et délicates pour être scientifiques. Pour circonscrire cette problématique toujours bien d’actualité, j’ai décidé d’explorer les propositions du mouvement féministe self-help qui nait aux États-Unis à la fin des années 1960 au sein du groupe féministe Women’s Libération Movement. Le self-help se présente comme un mouvement de réappropriation du corps des femmes par la pratique de l’auto-examen gynécologique, à l’aide d’un spéculum et d’un petit miroir. Il s’inscrit dans les luttes contre le sexisme et le patriarcat et nourrit une autonomie de pensées et de pratiques. En réaction à l'abrogation de Roe v. Wade aux États-Unis le 24 juin dernier, j'ai recentré mon questionnement sur les pratiques d’auto-santé et tout particulièrement sur celles qui s’inscrivent dans les luttes pour l'avortement. Enfin, au regard des luttes pour l’avortement et en m’intéressant au prisme intersectionnel de celles-ci, j’explore les combats pour la justice reproductive, à travers l'activisme des doulas et des sage-femmes. Tout ce cheminement m'amène à interroger l'importance du langage employé par les militantes de la santé – qu’elles luttent pour le droit à l’avortement ou pour la justice reproductive, leur vocabulaire est largement empreint de termes religieux (spiritualité, divinité, sacré), ce qui pourrait contribuer à pérenniser la diffusion de l’idéologie dominante.