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L’adultère féminin et masculin à Athènes au Ve siècles avant J.-C. Analyses des représentations sociales à travers les comédies d’Aristophane.
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- Le but de ce mémoire est d’examiner la représentation sociale de l’adultère dans l’Athènes du Ve siècle avant J.-C. ; c’est-à-dire de mettre en avant le corpus littéraire aristophanique comme représentatif de l'histoire sociale et, plus particulièrement, de la représentation masculine et féminine de l’adultère. Par leur nature, les comédies d’Aristophane nous donnent un aperçu des préoccupations de l’époque classique, dont l’adultère fait partie, et ainsi des représentations sociales de celui-ci en fonction du genre des personnages mis en scène. La première question à se poser est de se demander si l’adultère était perçu et défini de la même façon dans l’Antiquité classique. L'adultère en tant qu'infraction spécifique n'existait donc pas à Athènes. Si l'acte était reconnu et sanctionné par la loi, c'était dans le cadre d'un délit plus large de moicheia, et non comme un délit unique d'adultère. La plupart des chercheurs sont d’accord pour définir la moicheia comme « tout rapport sexuel entre un citoyen athénien et la femme, la fille, la sœur, la mère ou la pallakè d'un autre citoyen, sauf si cette femme est une prostituée ». La représentation de l’adultère masculin est faite à travers le personnage du moichos. Les sources littéraires mettent en avant le lien entre citoyenneté et moicheia. Le moichos transgresse les droits citoyens d’exclusivité sexuelle du kyrios et l’ordre social de la cité. De plus, en ayant des relations sexuelles illicites avec la femme d’un autre citoyen, le moichos porte atteinte à l’honneur du celui-ci et de son oikos. Ces attaques se traduisent dans les punitions subies par le criminel qui laisse transparaître deux intentions : celle d’humilier et celle de féminiser ; à travers la sodomisation avec un objet phallique et l’épilation forcée. La féminisation du moichos se traduit aussi par les descriptions (ex : cédant au plaisir immédiat, ruse pour tromper le mari, etc.) et les personnages qu’on lui associe (Bacchos, Alcibiade ou encore Pâris). En ce qui concerne l’adultère féminin, il est, dans le corpus aristophanique, perçu comme une manifestation de la nature féminine qui est trompeuse et dotée d’une sexualité incontrôlée. Contrairement aux sources juridiques et aux discours oratoires, les comédies d’Aristophane présentent une plus grande expression de l’autonomie et de l’agentivité féminine à travers une libération de la parole, un rôle actif et performatif accru, la mise en place de stratagèmes et de ruses pour arriver à leurs fins. Cependant, Aristophane se permet de placer des stéréotypes sur les femmes dans le discours de ses personnages féminins. Le poète donne l'illusion qu'une expérience féminine est communiquée au public, malgré le fait que l'auteur et tous les interprètes sont des hommes, ce qui ajoute probablement à l'humour général de la pièce. Le poète construit une représentation, souvent parodique, de l'activité subversive des femmes telle qu'elle était comprise, supposée et peut-être attendue par les hommes de son époque. Il décrit comment les femmes utilisent certains espaces pour partager entre elles les histoires de leurs activités illicites comme des relations adultérines, se plaindre et conspirer contre les hommes. Aristophane souhaite attirer l'attention sur la préoccupation des hommes pour le corps et la sexualité des femmes, en la parodiant pour éclairer l'ordre social existant à Athènes. Les comédies traduisent un sentiment d’anxiété générale des hommes qui est tirée de l’ambiguïté sociale et culturelle présente dans la cité athénienne fondée sur le fait qu’il y a un décalage entre le modèle de la femme idéale et la réalité. Aristophane présente ainsi l’adultère féminin comme une manifestation de la sexualité féminine incontrôlée et instrumentalisée pour renforcer les stéréotypes et les normes sexuelles à l’égard des femmes athéniennes. Tant masculins que féminins, l’adultère et la moicheia sont perçus comme négatifs. Il y a néanmoins des différences claires dans les manières dont l’adultère est représenté en fonction des deux genres : l’adultère masculin, est décrit comme un individu, un type d’homme, tandis que l’adultère féminin est décrit comme une caractéristique commune au groupe des femmes.