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Géopolitique du phosphore au sein de l'Union Européenne

(2020)

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Le phosphore est un élément essentiel à la vie. L’exploitation industrielle de gisements de phosphates depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale a été l’un des déterminants d’une augmentation sans précédent des rendements agricoles et de la démographie mondiale. Très peu de pays (11) concentrent l’essentiel des réserves de roches phosphatées (94 %), et le niveau des réserves est très incertain. Suivant les sources, au rythme actuel, les réserves exploitables permettraient d’approvisionner le monde durant 30 à 400 ans. L’Union Européenne ne dispose que d’un petit gisement en Finlande et est contrainte d’importer près de 88 % de son besoin en phosphates. Les principaux fournisseurs de l’UE sont le Maroc (28 %) et la Russie (16 %). Dans le même temps, le phosphore n’est recyclé qu’à hauteur 17 %. L’UE a classé les roches phosphatées comme ressource critique, jouant un rôle essentiel dans sa sécurité alimentaire. En 2012, un rapport de l’autorité sanitaire européenne (EFSA) met en évidence un risque de surexposition chronique de la population européenne à un métal cancérogène : le cadmium. Celui-ci se retrouve concentré dans certains engrais phosphatés, se concentre dans les sols agricoles et pollue la chaine alimentaire. La Commission et le Parlement Européen proposent alors une révision du règlement sur les engrais pour limiter progressivement la concentration en cadmium dans les engrais. Une donne géopolitique ne quittera plus le débat : le cadmium concerne essentiellement les phosphates issus du Maghreb tandis que ceux provenant de Russie ne sont que très peu concernés. Les craintes de voir la Russie s’arroger le monopole de l’approvisionnement européen en phosphore et d’utiliser cette ressource comme monnaie d’échange diplomatique conduit l’UE à réduire largement son ambition initiale, sans apporter de solution satisfaisante sur le volet sanitaire. L’UE ne pourra pas réduire à néant sa dépendance aux phosphates importés. Toutefois, un ensemble d’actions mises en œuvre par l’UE couvrant réduction d’utilisation, réduction des pertes, et le développement de technologies de recyclage du phosphore rendent plausibles une substitution de 50 % de la demande européenne par du phosphore recyclé dans quelques décennies. De quoi concourir à diminuer la dépendance stratégique de l’UE à la ressource phosphore.