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Rôle futur du médecin du travail ?

(2017)

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Le contexte général actuel est caractérisé par un environnement en profonde mutation en termes de transition économique et démographique avec une population active vieillissante, des modes de travail en évolution, les risques émergents, couplés avec une pénurie des médecins du travail. L'objectif de ce mémoire est de montrer que la santé au travail doit s'adapter à ce nouvel environnement et notamment la surveillance de la santé et le rôle du médecin du travail. La méthodologie comprend une revue de la littérature sur les systèmes de surveillance de la santé et de gestion des risques en Europe, dans quelques autres pays de l'OCDE et en Belgique. La comparaison des politiques de retour au travail des travailleurs en incapacité de longue durée, en tant que défi croissant pour la santé au travail, a aussi été abordée dans ces mêmes pays. Ensuite, une enquête dans les deux langues nationales auprès des médecins du travail, membres de !'Association Professionnelle Belge des Médecins du Travail (APBMT), a été réalisée. Elle était basée en partie sur une enquête faite en 2009 par l'APBMT auprès des médecins du travail. Cette enquête de 2016 s'est concentrée sur la surveillance médicale, le retour au travail et le futur du médecin du travail en Belgique. La revue de la littérature montre que les directives européennes inspirent et obligent légalement les pays à adapter leur législation et à développer un plan stratégique de santé et sécurité au travail (SST). Les pays ont malgré tout une liberté d'action dans l'organisation de la SST et la comparaison des systèmes de SST dans les différents pays montre un paysage varié. Malgré des progrès indéniables depuis des décennies, la situation de la SST reste encore préoccupante en Europe. Cependant, investir en SST est rentable et donne un « retour sur la prévention », comme l'atteste de nombreuses études. Les résultats de l'enquête 2016 montrent que les médecins du travail sont inquiets de leur avenir, qu'ils sont mêmes prêts pour certains à changer de spécialité. Ils demandent plus de valeur ajoutée dans leur travail pour être reconnus par les entreprises. Les résultats de l'enquête et des systèmes de SST en Europe incitent à un changement de paradigme en SST et les recommandations suivantes sont faites pour faire face à cet environnement changeant .A court terme (5 ans), la santé au travail devrait être orientée vers des pratiques « evidence based », au moyen d'études à faire, notamment sur l'efficacité et l'efficience des évaluations de santé, ainsi que sur la pertinence de la notion_«_ d'aptitude au travail», délivrée dans les formulaires d'évaluation de santé. Il faut orienter les médecins du travail vers des activités à valeur ajoutée, telles que surtout la réintégration des malades de longue durée et la prévention et promotion de la santé au sein des entreprises. Le renforcement du rôle des infirmières du travail est une voie d'avenir et leur complémentarité doit être clairement formalisée. L'intégration de la dimension santé au travail chez les généralistes au travers de leur formation continue est aussi essentielle. De même il faudrait développer une approche plus standardisée des risques et des examens par métier et utiliser les outils d'analyse de risque en ligne, notamment dans les PME, renforcer la culture de travail multi et interdisciplinaire au sein des services externes de prévention et protection au travail (SEPPT) et inciter les SEPPT à être créatifs pour aider les petites et très petites entreprises. Enfin, il faudrait inciter les autorités à élargir la SST aux indépendants et assurer un monitoring de l'impact du changement tarifaire des SEPPT, intervenu depuis 2016.A moyen terme (2030), la santé et sécurité au travail devrait être basée sur des pratiques evidence based. Les médecins du travail seraient spécialisés en toxicologie, réintégration, etc... et les infirmières du travail formées aux tâches de prévention et de gestion des risques qui leur seraient dévolues. Des case managers/disability managers seraient disponibles pour la réintégration au travail. Enfin, la dimension santé au travail devrait être intégrée dans la formation de base des médecins. En conclusion, il est inévitable que la surveillance de la santé s'adapte à l'environnement et ses pratiques futures devraient être basées sur l’évidence. En dehors de tout point de vue de défense corporatiste du métier, le rôle du médecin du travail est en mutation et doit s'inscrire dans la tendance à la multidisciplinarité, à des activités à valeur ajoutée, à plus de délégation de tâches vers l'infirmière au travail, à plus de collaboration avec les généralistes et médecins-conseils des mutuelles.