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Michaux_29061400_2019.pdf
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- Ce mémoire a pour domaine d’étude le jugement esthétique tel qu’il a été problématisé par Kant dans la Critique de la faculté de juger. Son objectif est de traiter une question spécifique, à savoir la portée politique qui s’attache à certaines caractéristiques du jugement esthétique tel qu’il est conçu par Kant. La pertinence de cette question résulte de la nature même des caractéristiques de ce jugement dès lors que celles-ci, et en particulier le désintéressement, l’universalité et l’autonomie, présentent en elles-mêmes une dimension politique. C’est du moins ce qu’il s’agira de montrer dans ce mémoire. Les travaux d’Hannah Arendt occupent une place privilégiée à cet égard, car ils constituent des contributions essentielles et mobilisatrices à l’analyse kantienne. Mais par-dessus tout, ils invitent d’autant plus à un examen critique dans le cadre de ce mémoire qu’ils proposent des thèses esthétiques, et qui s’inscrivent dans le cadre d’une archéologie de la philosophie politique kantienne. Même si Kant n’a consacré aucun ouvrage en propre à la philosophie politique, Arendt considère que l’on peut reconstruire ce qu’aurait été la pensée politique de Kant et ce, principalement à partir de ses considérations esthétiques sur le jugement . L’approche générale adoptée par Arendt permet rapidement d’apercevoir que dans sa pensée, la problématique du jugement esthétique entretient des liens étroits avec l’activité politique – au sens où il faut comprendre cette dernière expression dans le contexte de son œuvre, ce qui sera précisé dans le présent travail. Plusieurs notions fondamentales utilisées par cette auteure laissent peu de place au doute à ce propos. Il suffit à ce sujet de souligner la récurrence et le poids des notions suivantes : l’action, l’espace ou le domaine public, le monde (commun), l’apparence, la mentalité élargie, etc. Au-delà des affinités profondes entre ce type de notions et la politique, le raisonnement d’Arendt, pris dans son ensemble, présente des enjeux dont la nature éminemment politique ne peut échapper. Il faut noter que certains de ces enjeux étaient déjà explicitement présents dans les écrits de Kant – on peut songer à cet égard à la pensée cosmopolitique de ce dernier , notamment. Ce mémoire se concentre ainsi sur un objet bien défini : il étudie la dimension politique du jugement esthétique kantien principalement à partir de sa lecture arendtienne ; c’est-à-dire qu’il ne prétend pas aborder les autres aspects de ce jugement ; ni mettre en perspective les conditions d’exercice du jugement kantien avec l’art contemporain ; pas plus qu’il n’entendrait couvrir l’ensemble des questions interrogeant les divers rapports pouvant exister entre art et politique – et qui dépassent largement le cadre du jugement . Ce mémoire ne vise pas non plus à revisiter l’élaboration de l’analyse kantienne du jugement . En revanche, il rappelle les principales caractéristiques dégagées par Kant dans le cadre de son analyse menée dans la Critique de la faculté de juger, car c’est en s’appuyant sur ces caractéristiques et sur leur interprétation par des auteurs ultérieurs, en particulier Arendt, qu’il s’efforcera d’en identifier la portée politique. Le choix du titre a été guidé par la volonté de refléter l’objet du mémoire, d’une manière sobre, directe et explicite. La méthode suivie pour traiter de la question suit un mouvement dialectique. Dans un premier moment , après avoir mis en évidence les caractéristiques à étudier, ce mémoire se livre à une étude des thèses soutenues par Arendt dans le sillage de Kant. Dans un deuxième moment, ce mémoire met les positions d’Arendt à l’épreuve de celles de Benjamin, ainsi que de la critique de Bourdieu – qu’il envisage en tant qu’antithèses des premières. Dans un troisième moment, il mobilise les écrits de Rancière dans le but de jeter un regard nouveau sur ceux d’Arendt et de prendre la pleine mesure de sa pensée sur le terrain politique. L’objectif est, d’une part, d’instaurer un dialogue entre Arendt et de potentiels contradicteurs afin de parvenir à une lecture aussi nuancée que possible de sa pensée. Le recours à Rancière, d’autre part, s’inscrit cependant dans une autre démarche : il ne s’agit plus de renforcer la position d’Arendt en faisant appel à des pensées antagonistes – telles qu’on peut les trouver chez Benjamin ou Bourdieu, mais bien de donner cette fois un éclairage différent à partir de propos connexes . La méthode suivie revêt également, dans une certaine mesure, un aspect comparatiste en ce qu’elle s’efforce de confronter les spécificités des différentes pensées étudiées ou évoquées. Dans le droit fil de cet effort, elle s’attache à mettre en correspondance d’une manière claire, d’une part, la pensée originale d’un auteur et, d’autre part, l’interprétation qui en est faite par d’autres auteurs. Sur le plan de la structure formelle, ce mémoire comporte trois parties. La première est consacrée à une explication synthétique des principales caractéristiques du jugement esthétique kantien ainsi qu’à l’étude critique d’une de ces caractéristiques – celle du désintéressement – pour en faire ressortir la portée politique. La deuxième et la troisième partie sont consacrées chacune à la discussion de deux autres caractéristiques essentielles de ce jugement, respectivement, celle de l’universalité et celle de l’autonomie ; et ce, toujours dans la même optique : saisir leur portée politique.