Contradictions, tension d’assujettissement et attitude critique – La radicalisation comme manière de s’assujettir autrement

Details

Supervisors

Brion, Fabienne ; De Munck, Jean

Faculty

Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication

Degree label

Master [120] en sociologie

Abstract

En s’inspirant des travaux de Foucault, Sayad, et Fabienne Brion, ce mémoire explore le phénomène de la radicalisation religieuse pour interroger les contradictions de nos sociétés occidentales : alors que celles-ci se veulent libres et égales, elles semblent incapables de ne pas se positionner par rapport à d’autres communautés. Au travers du discours de cinq professionnels de services psycho-sociaux, mon travail met en évidence les mécanismes pouvant mener au développement d’une attitude critique envers le mode d’assujettissement que subissent les communautés musulmanes en Belgique. Ainsi, les signes de contradiction avec l’idéal d’égalité que nos sociétés diffusent malgré elles ouvrent une porte menant vers le développement d’un certain sentiment d’injustice auprès des populations musulmanes. Mal à l’aise face à ces signes d’incohérence, ces communautés peuvent interroger le type d’assujettissement qui les contraint, et le comparer au type d’assujettissement qui leur est offert par les partisans du djihad armé. À la source de cette tension se trouverait un mécanisme de performativité du langage : la répétition incessante de certains arguments centrés autour des notions de progrès, de la nature intrinsèque, ou de la responsabilité, contribuent à la distribution de la considération envers les communautés musulmanes et, avec elle, à la construction de représentations fortement intégrées sur les personnes dites radicalisées et ces communautés religieuses. Cette considération orientée diffuse à son tour des signes de contradiction avec l’idéal démocratique d’égalité de nos sociétés occidentales, perceptibles sous la forme de trois signes, structurés autour (1) de l’argument du progrès ; (2) de la criminalisation de l’extranéité; et (3) du traitement spécifique de la radicalisation. Si la radicalisation est un phénomène non-linéaire, complexe, et qu’il n’existe pas de profil-type de « radicaux », l’émergence d’une attitude critique à laquelle contribue la confrontation aux signes de contradiction de nos sociétés pourrait bien être l’un des chemins empruntés par certaines personnes dites radicalisées.